Mise en perspective André Masson - Pablo Picasso

DU 28 MARS AU 30 MAI 2015

A l’occasion de l’édition en DVD par Frémeaux et Associés des films sur Pablo Picasso et André Masson de Nelly Kaplan - écrivaine et figure incontournable du cinéma français (La Fiancée du pirate, etc...) -, la Galerie Frémeaux présente une centaine de lithographies, de bois gravés ou de gravures des deux maîtres.

Ces derniers ont plusieurs points en commun. D’abord, leur appétit pour l’expérimentation : les influences africaines ou ibères du côté de Picasso, le goût pour une esthétique presque cabalistique, les styles grecs ou tribaux chez Masson, qui orienteront les deux artistes, chacun à sa manière, vers une écriture graphique. « On n’a jamais fini de chercher, puisqu’on ne trouve jamais », soutenait le peintre espagnol. Ensuite, leur marchand. En effet, Daniel-Henry Kahnweiler, grand découvreur des cubistes « héroïques », Georges Braque et Pablo Picasso, ouvrit sa première galerie en 1907, puis une seconde en 1920, la Galerie Simon. Elle accueillera une nouvelle génération d’artistes : André Beaudin, Eugène de Kermadec et surtout André Masson, point de contact avec le surréalisme, mouvement qui va dès lors profondément marquer Pablo Picasso. L’année 1925 fut pour ce dernier celle d’une rupture radicale dans sa production. Son trait devint plus « automatique » et « convulsif » (pour paraphraser André Breton), à l’instar de celui de Masson, et l’influence des poètes surréalistes fut indéniable sur sa volonté de dépeindre de l’intérieur son univers propre, de calquer ses « rêves » sur la toile. Si un pont peut donc être jeté entre les deux artistes, il se situe à l’endroit de ce que Masson nomme l’« esprit de métamorphose », à savoir l’expression des diverses conversions ou altérations formelles subies par le sujet représenté sous l’effet des sentiments, des émotions ou des pulsions de l’artiste. Un processus qui influencera de nombreux suiveurs (à commencer par Jackson Pollock et les expressionnistes abstraits) et qui chez les deux peintres naissait spontanément. Picasso le résumait en une phrase, presque programmatique : « Je ne cherche pas, je trouve ». Tout le monde ne naît pas coiffé !

Christophe LOINTIER & Patrick FRÉMEAUX