Le Bestiaire Africain

DU 5 AVRIL AU MAI 2014

LE BESTIAIRE AFRICAIN

En Afrique, de tout temps et en tous lieux, du Cap au désert du Tassili, les hommes et les animaux conversent continûment, ils échangent, par la parole et par les rites, des pouvoirs dont les uns et les autres sont profusément traversés.

Une union sacrée entre la nature et la culture illustrée par les chants dialogués entre les oiseaux et les pygmées du Congo.

Dans un grand nombre de sociétés subsahariennes, la littérature orale est fondée sur un bestiaire important au sein duquel le serpent, l’éléphant, le crocodile, le buffle, le léopard, l’antilope et bien d’autres figures, prêtent leurs qualités aux humains. Considérés comme des référents incontournables, objets de crainte et d’admiration, les animaux sont les pivots de la sacralité. En effet, les assises de la vie sociale, les pratiques curatives, les activités de subsistance (la pêche, la chasse...), l’initiation recourent invariablement à une ménagerie sacrée et les relations magico religieuses qui unissent les bêtes et les hommes constituent une source d’inspiration inépuisable pour les sculpteurs. C’est à ce travail des artistes-artisans de l’Afrique subsaharienne que vous convie la Galerie Frémeaux et Associés, à travers la présentation d’oeuvres zoomorphes issue de diverses sociétés. Celle des Bwa, entre autres, dont les masques-crocodiles et les statues de calao aux motifs géométriques emblématiques sont les réceptacles des âmes des ancêtres et les passeurs des secrets du monde des esprits. Celle des Bobo, également, dont les masques-buffles et antilopes sont empreints d’une grande finesse et d’une évidente rigueur esthétique. Sans oublier, les étonnants masques Toma et Kran aux formes outrées et aux gueules protubérantes, qui lorsqu’ils sont parlés et dansés inspirent l’effroi et le respect.

Enfin, comment ne pas citer les fameux masques-antilopes Dogon, aux cornes articulées, dont la fonction réside dans le fait d’offrir aux victimes de la chasse, un abri matériel pour leurs âmes errantes, et partant de protéger la communauté des hommes de la mauvaise influence de ces dernières. Toutes ces oeuvres, parmi d’autres exposées ici, sont autant de témoignages de l’extraordinaire pouvoir de création formelle de l’art africain, qui par sa propension à l’hybridation, reste l’une des influences majeures de l’art occidental contemporain.

Christophe Lointier & Patrick Frémeaux