La Fabrique du Sacré

DU SAMEDI 12 MAI AU SAMEDI 11 JUILLET 2020

En Occident, nous apprécions communément l’art traditionnel africain pour l’évidence et la puissance de ses formes, pour son harmonie (symétrie des masques, rythme ternaire des statues...) ou, a contrario, pour son caractère d’étrangeté (anthropo-zoomorphisme, disproportion des membres...). Toutefois en Afrique, si la qualité esthétique compte pour beaucoup dans l’appréciation d’un masque ou d’une statue, elle ne fait pas tout. L’objet sculpté tire essentiellement sa légitimité de sa valeur sociale, politique ou magico-religieuse. Il s’inscrit dans un réseau de pratiques ritualisées qui structurent et scandent la vie de la société des vivants et des morts.

Les objets que nous présentons ici, principalement produits par des peuples d’Afrique occidentale, témoignent de l’omniprésence du sacré dans l’art traditionnel subsaharien. Les masques zoomorphes Gouro, Toma ou Bobo servent à couvrir le visage des initiés lors des rites d’intégration des jeunes hommes à la communauté. Les statues d’ancêtres Bangoua, Mumuye ou Bambara, placées dans la maison commune, font l’objet de libations dans le cadre de cérémonies bien réglées. Les masques Bwa ou Songye sont dansés à l’occasion de rites d’agraires ou de cérémonies d’ancestralisation.

Ce sont là quelques exemples, parmi tant d’autres, qui ponctuent le parcours que nous vous proposons et qui se veut une invitation à la redécouverte du tissu des pratiques, des coutumes, des mythes et des croyances qui constituent la richesse incomparable et inspirante de la culture africaine traditionnelle.

Christophe Lointier & Patrick Frémeaux