Shoichi Hasegawa - Du japonisme au Japon - Rétrospective

DU SAMEDI 6 JANVIER AU SAMEDI 17 FÉVRIER 2024

VERNISSAGE LE JEUDI 11 JANVIER DE 17H À 21H

Lorsqu’en 1868, sous la pression des nations occidentales, le Japon décida d’entreprendre sa modernisation à marche forcée et de s’ouvrir à nouveau au monde après deux siècles et demi d’isolationnisme, des intellectuels et des artistes entreprirent de circuler d’un bout à l’autre du globe, en quête d’idées et de formes artistiques nouvelles. À Paris, des galeries d’art extrême-oriental fleurirent et diffusèrent chez les avant-gardes, les motifs des estampes populaires et narratives, dites « images du monde flottant » (Ukiyo-e), de l’époque Edo. Manet, les impressionnistes, les Nabis, Van Gogh pour ne citer qu’eux, en firent leur miel en vue de s’émanciper des conventions académiques. Le Japonisme était né !
En miroir et quasi concomitamment, au Pays du Soleil Levant, le « Francisme » naissait. À la suite des Expositions Universelles de 1878, 1889 et 1900, de nombreux industriels japonais constituèrent des collections d’art réaliste, impressionniste, naturaliste ou symboliste, et des artistes japonais s’installèrent à Paris afin de se former dans les académies ou de fréquenter les ateliers de leurs alter egos occidentaux. Foujita est encore aujourd’hui, la figure la plus illustre de cette tendance. Les œuvres de ces peintres dont les cheminements créatifs était aussi multiples que leurs personnalités respectives, associaient l’art traditionnel japonais (composition par aplats, perspective étagée) et l’art occidental (modelé, naturalisme, profusion des motifs). Pendant les Années folles, Shunko Deshima s’intéressa aux modèles de Montparnasse, restitués dans des portraits délicats et épurés. Après la Seconde Guerre mondiale, Toshimitsu Imaï, Kumi Sugaï et Yasse Tabuchi, produisirent un art informel et gestuel au chromatisme intense et contrasté.
En tant que galeriste, mais également en tant qu’éditeur phonographique de disques de chansons françaises (French Café Music, Claire Elzière…) produits par des Japonais (Kenishi Takahashi pour le label Respect Records, à Tokyo), nous souhaitons aujourd’hui rendre hommage au travail d’un passeur entre les arts nippons et européens. Consécutivement à sa récente disparition, nous présentons aujourd’hui des toiles du grand peintre Shoichi Hasegawa, ainsi que des gravures, des épreuves d’essai et des bons à tirer de sa main, fruits de sa fidèle collaboration avec son éditeur historique, Thierry Lacan (L’Estampe, à Strasbourg). Le visiteur y retrouvera l’expression inimitable d’une œuvre - mêlant calligraphie sous-jacente et effusions bigarrées - qui enrichit le fonds de nombreux musées européens et américains et qui magnifie le brassage des cultures.

Christophe Lointier & Patrick Frémeaux