Raymond Bayard (1912-2004) - La France de la Quatrième République

DU SAMEDI 24 FÉVRIER AU SAMEDI 6 AVRIL 2024

VERNISSAGE LE VENDREDI 8 MARS 2024 DE 17H À 21H

Raymond Bayard naît à Paris en 1912. Son père André Bayard, maçon puis monteur en chauffage, suit les cours du soir en dessin d’architecture qui lui permettront bien plus tard de concevoir, dessiner et construire sa maison, à Colombes. Durant la Première Guerre mondiale, Raymond est confié à ses grands-parents dans la Creuse. Son grand-père, tailleur de pierres, l’emmène sur ses carrières de taille et lui fait découvrir les beautés de la nature. Au contact de cet homme doux, savant et généreux naît son amour du paysage et des maisons. Ce grand-père dont il parle avec vénération lui apprend à lire, à écrire et l’initie au dessin. Après la guerre, à son retour à Colombes, il entame sa scolarité et montre rapidement des dons exceptionnels pour le dessin. Après le certificat d’étude, grâce à une dérogation due à son jeune âge, il réussit le concours d’entrée à l’École des arts appliqués, puis il entre dans l’atelier d’Emanuel Marcel Laurent, à Asnières. Ce dernier lui permet de perfectionner sa technique du dessin et de la couleur. L’atelier initie également à la peinture en lettres. Raymond se familiarise avec cette technique et, comme son père voit d’un mauvais œil la présence d’un artiste dans la famille, il s’installe à son compte, comme artisan en écriture et en décoration. Ce n’est en rien un renoncement, car si la semaine il assure sa subsistance, mais les soirs et les week-ends, il élabore une œuvre personnelle. Gagnant bien sa vie, il ne cherche pas à fréquenter le milieu des galeries d’art. La course à la notoriété ne l’intéresse pas, le bonheur de peindre lui suffit. À la veille de la guerre, Marcel Laurent lui fait découvrir la Bretagne. C’est une révélation et des années durant il en arpente les côtes, émerveillé par la vie et les couleurs de ses paysages et de ses ports. Raymond peint exclusivement sur le motif, dans la tradition de l’École de Barbizon et des Impressionnistes, ce qui justifie le format des supports choisis. Il peint vite, par touches vigoureuses. Sa palette colorée et subtile produit des paysages vivants dans lesquels nous pouvons reconnaître les influences de Van Gogh, Cézanne, Dufy. L’usage de la technique par étalements au couteau ou à la brosse d’aplats au tons purs, évoque le style de Nicolas de Staël.
À la suite d’un premier mariage et de la naissance de sa fille, Raymond Bayard est fait prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale. Le dessin lui sauve la vie. Évasion, fin de la guerre, divorce, remariage, naissance d’un fils, séparation... En 1955, il rencontre à la Société des Amis des Arts de Colombes, Aline Puiguynier (1921-1996), qui est professeur de dessin. Ils se marient en peinture avant de s’unir civilement. Dès lors, les congés et les week-ends charrient leurs flots d’œuvres quotidiennes auxquelles viennent s’ajouter les dessins des enfants. Au début des années soixante sa peinture évolue vers une simplification des formes. Le cubisme y fait une apparition vivifiante, ne faisant qu’accentuer la force de ses compositions. En 1966, les Bayard achètent une maison en ruine dans l’Oise. Au début des années 70, ils cessent de peindre mais non de dessiner et s’adonnent désormais à leur nouvelle passion en participant à la création de l’association Maisons paysannes de France, puis Maisons paysannes de l’Oise. À travers des milliers de dessins documentaires, de plans et de conseils, Raymond prolonge la filiation de bâtisseur de son père et de son grand-père.

Jean-Pierre Bayard dit : Jean Piero