Les images du corps

DU SAMEDI 21 JANVIER AU SAMEDI 15 AVRIL 2023

Au commencement était le corps dont la traduction artistique jalonne l’histoire depuis ses origines. Et si l’art pariétal des premiers âges est essentiellement constitué de figures animales, la trace de l’humain y trouve néanmoins ses premières occurrences sous la forme de personnages schématisés et de « mains négatives ». Ces motifs ancestraux ne resteront pas lettres mortes pour de nombreux artistes du XXe siècle qui s’en nourriront allégrement.

Joan Miro - à la suite de ses visites successives des grottes d’Altamira et de Lascaux - élaborera une nouvelle représentation de l’humain réduite à un assemblage de signes. Roberto Matta et James Coignard s’orienteront respectivement vers un biomorphisme et un silhouettage des figures. Une approche que nous retrouvons également chez Wifredo Lam, mâtiné d’influences africaines.

Mais au-delà du terreau pariétal, les diverses figurations du corps que nous présentons ici s’inspirent principalement d’un autre héritage, celui de la Renaissance et du Classicisme, qui renoua avec les canons esthétiques de l’Antiquité, privilégiant l’équilibre des proportions, l’idéal de perfection et constituant progressivement le corps comme un objet anatomique
Cette tradition donnera lieu à ce que l’on nomme communément des académies, à savoir une représentation du corps d’après modèle, épreuve incontournable de toute école d’art qui se respecte. Les œuvres de Waroquier, Derain, Picasso, Renoir, Lhote en sont les exemples les plus éloquents. Quant au célèbre photographe Man Ray, il rejouera derrière son objectif - en les détournant - les exercices de style traditionnellement imposés aux rapins.

En bref, la multiplicité des approches artistiques du corps rend impossible toute abord univoque. Tous les médiums s’en emparent, toutes les civilisations le modèlent à leur image, l’exhibent ou le voile, si bien que sa représentation est sans cesse réélaborée.

Christophe Lointier & Patrick Frémeaux