Les Gens par Chica

DU SAMEDI 26 AOUT AU SAMEDI 14 OCTOBRE 2017

Qui mieux que Chica peut s’illustrer dans l’art du clin d’oeil ? Personne !

En janvier 2010, la Galerie Frémeaux & Associés proposait une exposition intitulée « Les gens », qui mettait en valeur son fonds de portraits, de scènes de genre et de paysages animés des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Aujourd’hui, Chica reprend le thème à son compte pour en suggérer une approche toute différente. A la facture classique, réaliste ou impressionniste des toiles présentées il y a sept ans, le peintre contemporain répond par son inimitable style graphique et enluminé. Au souci du rendu naturaliste, il substitue la puissance de son imagination.

Car l’art de Chica se caractérise par la fantaisie de ses compositions, par sa manière funambulesque et fantasque de traiter le motif. Un art « capricieux » qui n’est pas sans rappeler - mutatis mutandis - celui de Goya (Los capricios), en ses aspects humoristiques et satiriques. Une démarche picturale qui relève d’une forme de caricature bienveillante. Les corps des personnages représentés sont déformés (hypertrophie ou atrophie des membres, jeux sur leurs proportions) mais semblent débarrassés de tout caractère horrifique ou culpabilisant, comme chez Bosch, et paraissent empreints d’une animation et d’une force vitale manifeste.

Il semble par ailleurs au commun regardeur qu’une toile de Chica révèle deux styles : celui du fresquiste et celui de l’enlumineur. Une manière de compromis entre l’ample et le resserré, entre un goût pour la disposition des masses colorées et un souci de l’exactitude du détail. Le peintre paraît en cela se rapprocher des « primitifs » italiens.

Mais par-delà les caractéristiques stylistiques de l’oeuvre, il faut insister sur son contenu narratif. Chica, par ailleurs auteur de poèmes et de contes, aime nous raconter des histoires. Il suscite chez le spectateur le désir d’aller voir de quoi il retourne dans chacune de ses toiles. Quel sens cache le fourmillement de formes qui les constituent ? Peut-être est-ce une invitation pour le regardeur à participer à l’oeuvre à l’égal du peintre.

Christophe Lointier & Patrick Frémeaux