Grands maîtres sur papier - Jongkind, Picasso, Miro, Foujita, Braque...

DU MARDI 7 NOVEMBRE AU SAMEDI 23 DÉCEMBRE 2023

Il y a cinquante ans disparaissait celui que les historiens de l’art s’accordent à considérer comme le plus grand artiste du XXe siècle : Pablo Picasso. Afin d’apporter sa pierre à l’édifice commémoratif, la Galerie Frémeaux invite le public à la contemplation de l’une des ultimes lithographies originales signée et numérotée de l’artiste, la Femme nue et l’homme à la canne, dont la thématique aura irrigué l’entièreté du grand œuvre. Le motif féminin, sous les aspects de l’épouse, de l’amante, de la muse ou du modèle aura été décliné dans tous les styles par l’artiste catalan, depuis les premiers portraits de jeunesse croqués au cabaret Els Quatre Gats, à Barcelone, jusqu’à sa dernière manière, en passant par les périodes « bleue », « rose » et « surréaliste ».

Mais comment évoquer Picasso, sans aborder celui qui fut pendant de nombreuses années, son double en art, Georges Braque. Si ce dernier est surtout connu pour ses compositions fauves et cubistes, son œuvre la plus tardive n’en reste pas moins inventive. Conservant du cubisme le développement des objets sur un même plan et la simultanéité des points de vue, son travail a progressivement tendu vers une recherche sur la couleur (à l’instar d’un Matisse) et une simplification des formes (Tête grecque, La Sorgue).

La réduction du motif à des figures élémentaires s’est frayé une voie singulière chez un autre génie espagnol, Joan Miro, dont l’univers onirique s’inspirait du Surréalisme et de l’art pariétal. Ses œuvres composées de points et de lignes tracés spontanément se résument en un jeu de signes mouvementés, parfois colorés. (Ubu aux Baléares). « Il est important pour moi d’arriver à un maximum d’intensité avec un minimum de moyens. D’où l’importance grandissante du vide dans mes tableaux. » déclarait le maître.

Si ces trois grands artistes du XXe siècle ont été d’infatigables expérimentateurs, ils ont néanmoins tous successivement connu un retour à l’ordre académique. Ils se sont, à un moment ou un autre de leur parcours, attachés à réinventer le passé. Ce classicisme renouvelé nous en trouvons la trace dans le dessin signée (L’âne) de Foujita, qui n’est pas sans rappeler les esquisses de Delacroix dans ces carnets. Il en va de même du Bateau de Jongkind, survivance de la tradition des marines flamandes. Les allers-retours entre tradition et modernité n’ont donc eu de cesse d’animer l’art occidental. Aussi, Picasso déclarait : « C’est nous les peintres, les vrais héritiers, ceux qui continuent à peindre. Nous sommes les héritiers de Rembrandt, Vélasquez, Cézanne, Matisse. Un peintre a toujours un père et une mère, il ne sort pas du néant... »

Christophe Lointier & Patrick Frémeaux

Autres artistes exposés : Sonia Delaunay, Max Ernst, Wassily Kandinsky, Zao Wou Ki, Bram van Velde, André Masson, Sam Francis, Siné ...