Matisse et autres - Aplats de couleur

DU SAMEDI 23 AOÛT AU SAMEDI 11 OCTOBRE 2025

L’exposition « Matisse et autres aplats de couleurs » met en lumière l’évolution du langage visuel moderne à travers des oeuvres où la couleur devient structure, rythme et intensité. Henri Matisse, confronté à des limitations physiques dues à la maladie, invente dans les années 1940 une nouvelle manière de créer : les papiers découpés. Dans son album Jazz (1947), il découpe directement dans des feuilles de papier gouaché, composant des formes dynamiques et vibrantes, reproduites en lithographies au pochoir. Cette méthode, qu’il qualifie de « dessin avec des ciseaux », confère à ses oeuvres une intensité graphique et une clarté formelle inédites.
Sonia Delaunay, pionnière de l’abstraction et du simultanéisme, explore également les aplats de couleurs dans ses lithographies des années 1960-70. Ses compositions géométriques, comme Rythme couleur, juxtaposent des formes circulaires et des teintes vives pour créer un mouvement optique et une harmonie visuelle. Elle transpose ainsi ses recherches sur la lumière et le rythme en un langage graphique pur. Joan Miró, quant à lui, développe un univers poétique où signes, lignes et couleurs primaires s’entrelacent librement. Ses lithographies, telles que celles réalisées à l’atelier Maeght, révèlent une spontanéité maîtrisée : les formes flottent sur la page, évoquant des constellations ou des rêves éveillés. L’usage d’aplats colorés renforce l’impact visuel de ses compositions. Enfin, Henri Guédon, dans son album Soleil, édité par les Éditions Frémeaux et présenté à Beaubourg dans le cadre de « Paris Noir », fusionne influences caribéennes et modernité graphique. Ses lithographies aux couleurs éclatantes et aux formes stylisées traduisent une énergie solaire et une vitalité expressive.
Ces artistes, chacun à leur manière, ont exploré les potentialités expressives des aplats de couleurs, transformant la surface plane en un espace de vibration et d’émotion. Leur travail, né de contraintes ou de recherches formelles, continue d’inspirer et de fasciner par sa modernité et sa puissance visuelle.

Patrick Frémeaux et Christophe Lointier